Le secteur du transport routier est en constante évolution, et de nouvelles règles voient régulièrement le jour pour garantir la sécurité, l’efficacité et le respect des normes. L’une des dernières annonces importantes concerne la maîtrise de l’anglais pour les conducteurs de véhicules motorisés commerciaux.
À parti de juin dernier, le Département des Transports des États-Unis (DOT) commence maintenant à appliquer de façon beaucoup plus stricte l’exigence linguistique : tout conducteur qui ne répond pas aux standards linguistiques pourra être immédiatement retiré de la route. Ce changement soulève de nombreuses questions, surtout pour les transporteurs qui emploient des chauffeurs dont l’anglais n’est pas la langue maternelle, majoritairement le cas au Québec.
Alors, que dit exactement la loi ? Qui est concerné ? Et surtout, comment s’y préparer sans pénaliser ses équipes ni mettre en péril ses opérations ?
Que dit la Loi ?
Selon le règlement 49 CFR § 391.11(b)(2), tout conducteur de camion ou véhicule commercial réglementé par le DOT doit être capable de :
- Converser avec le public, les clients, et les agents des forces de l’ordre ;
- Lire et comprendre les panneaux de signalisation routière ;
- Répondre de façon appropriée aux instructions ou demandes officielles ;
- Compléter correctement les documents obligatoires, comme les rapports d’inspection, documents d’expédition, ou feuilles de route.
Ces exigences ne sont pas nouvelles, mais elles étaient jusqu’ici appliquées de façon inégale. À partir de juin 2025, les contrôles sont renforcés : les agents de police ou d’inspection auront le droit de retirer un conducteur de la circulation s’il ne démontre pas une maîtrise suffisante de l’anglais. Cela veut dire : pas de livraison, pas de retour au dépôt; le camion est immobilisé.
Pourquoi cette exigence devient une priorité ?
La maîtrise de l’anglais est une question de sécurité routière, mais aussi de communication efficace et de professionnalisme.
Imaginons quelques situations concrètes :
- Un agent de la patrouille routière demande au chauffeur s’il transporte des matières dangereuses. Le conducteur ne comprend pas, répond mal ou reste silencieux. Cela peut avoir des conséquences graves.
- Un chauffeur ne comprend pas les panneaux indiquant une déviation pour cause de travaux et s’engage sur une voie interdite.
- Un problème mécanique est signalé sur une inspection. Le conducteur ne parvient pas à expliquer ce qu’il a remarqué ou à remplir correctement les documents.
Ces exemples illustrent pourquoi cette règle est si importante : elle vise à protéger le conducteur, les autres usagers de la route, et l’entreprise de transport elle-même.
Qui est concerné ?
Tous les transporteurs régis par la réglementation du DOT sont concernés. Cela inclut :
- Les flottes opérant à l’échelle nationale ou transfrontalière (ex. : entre le Canada et les États-Unis);
- Les entreprises américaines de transport longue distance ;
- Les sociétés de logistique employant des chauffeurs étrangers ou bilingues.
Même si vos chauffeurs travaillent depuis longtemps pour vous, ils peuvent être visés par cette règle s’ils ne maîtrisent pas bien l’anglais oral et écrit.
Comment se préparer ? Étapes clés pour les transporteurs
Voici un plan simple pour anticiper et éviter les mauvaises surprises :
1. Faire un bilan des compétences actuelles
Commencez par identifier les conducteurs qui pourraient avoir besoin de soutien. Vous pouvez :
- Organiser un entretien oral simple ;
- Donner un test de compréhension de panneaux de signalisation ;
- Vérifier la capacité à remplir un formulaire écrit de base.
Ce premier diagnostic vous permet d’anticiper les cas potentiellement à risque.
2. Proposer des outils de formation
Il ne s’agit pas de pénaliser vos employés, mais de les aider à progresser. Vous pouvez proposer :
- Des applications gratuites ou peu coûteuses comme Duolingo, Babbel, ou BBC Learning English ;
- Des programmes spécifiques pour adultes ou travailleurs via les écoles locales ;
- Des cours en ligne adaptés au secteur du transport.
L’essentiel est d’adapter la méthode à chaque profil : certains apprendront mieux par l’écoute, d’autres par la pratique ou les échanges.
3. Documenter vos efforts
Conservez des traces écrites de tout le processus :
- Résultats d’évaluations initiales ;
- Copies des documents de formation ou attestations de suivi ;
- Notes des entretiens de suivi avec le chauffeur.
En cas de contrôle ou de litige, cela montre que vous avez agi de bonne foi et en conformité avec la loi.
4. Organiser une réévaluation
Une fois qu’un chauffeur a suivi une formation ou un accompagnement, refaites une évaluation. Cela permet :
- De valider ses progrès ;
- De décider s’il est apte à reprendre la route ;
- De rassurer les autorités en cas de contrôle.
Astuce : Une opportunité pour revaloriser le métier
Cette réglementation peut aussi être l’occasion :
- D’investir dans vos ressources humaines, en accompagnant les conducteurs dans leur développement ;
- De renforcer la cohésion de votre équipe, en organisant des ateliers collectifs de communication ou des échanges de bonnes pratiques ;
- D’améliorer votre image de marque, en montrant que vous prenez la sécurité et la formation à cœur.
Ressources utiles
- 49 CFR § 391.11 – Qualification of Drivers
- Driver Qualification File Requirements – FMCSA
- English for Trucking – Programmes spécialisés pour conducteurs
Ne prenez pas le risque de l’inaction !
Mieux vaut anticiper aujourd’hui que gérer des urgences demain. En mettant en place des actions simples mais efficaces, vous protégez votre entreprise, vos chauffeurs, et vous contribuez à rendre les routes plus sûres pour tous.