Souvent perçue comme monotone, exigeante et peu attrayante, la carrière en fabrication industrielle souffre encore d’une image datée. Pourtant, la réalité est toute autre : c’est un milieu en pleine évolution, où les défis sont stimulants, les salaires compétitifs, et les possibilités d’évolution bien réelles. Alors pourquoi peine-t-on à attirer les talents dans ce secteur pourtant essentiel à notre économie ?
Un secteur en transformation… mais en pénurie de main-d’œuvre
Entre départs massifs à la retraite et reconversions vers d’autres industries, le secteur manufacturier est en pleine transition. Pourtant, il a du mal à attirer une nouvelle génération de travailleurs. En cause ? Des préjugés tenaces : usines sales, travail difficile, peu d’autonomie, horaires rigides… Autant d’idées reçues qui ne reflètent plus la réalité.
Dans les faits, les entreprises manufacturières modernes offrent des environnements de travail propres, sécuritaires, technologiquement avancés, et souvent plus humains que ce que l’on imagine.
Rétablir la vérité : un milieu moderne, stimulant et bien rémunéré
Le secteur paie bien. Par exemple, là où un poste en restauration rapide peut offrir 15 à 20 $/h, un poste non qualifié en usine commence souvent à 20 à 25 $/h — voire plus en quart de soir ou de nuit. Ces emplois peuvent devenir de véritables tremplins vers des postes d’opérateur, de technicien ou même de superviseur. Avec de l’engagement, de la curiosité et une volonté d’apprendre, les perspectives sont très larges.
Mais il ne suffit pas de le dire — il faut le montrer.
Changer les perceptions dès l’école
Attirer de nouveaux talents commence par l’éducation. À long terme, les entreprises gagnent immensément à tisser des liens forts avec les écoles secondaires, cégeps et centres de formation technique pour sensibiliser les jeunes aux possibilités du secteur :
- Stages en entreprise,
- Visites d’usine,
- Programmes d’alternance travail-études,
- Partenariats avec des enseignants ou des centres de formation.
Ces initiatives permettent d’humaniser le secteur, de créer un contact direct avec les jeunes, et de démontrer que l’industrie peut être aussi innovante qu’épanouissante.
Structurer des parcours clairs et motivants
Un des leviers clés pour attirer et fidéliser : le développement de parcours professionnels bien définis. Les RH ont ici un rôle central pour montrer aux candidats qu’un poste d’entrée peut évoluer en une véritable carrière.
Cela implique :
- Des programmes de formation continue,
- Un plan d’avancement clair,
- Des objectifs précis à atteindre pour progresser,
- Des occasions concrètes d’acquérir des responsabilités.
Par exemple, un employé temporaire ou de soutien peut accéder à un poste d’opérateur de machine — très valorisé et bien payé — puis gravir les échelons vers un rôle de leader d’équipe ou de technicien qualité.
Près de 30 % des travailleurs du secteur pensent que leurs compétences seront inutiles dans 1 à 2 ans, et près de 40 % dans 4 à 5 ans. Cette insécurité pousse certains à quitter le secteur… avant même d’avoir envisagé d’y progresser.
Les entreprises doivent répondre par des programmes de développement qui permettent aux employés de se réinventer, de rester compétents face aux évolutions technologiques, et d’entrevoir un futur à long terme dans l’industrie.
Oui, il existe un risque que ces talents formés partent. Mais en offrant une rémunération compétitive, une culture stimulante et des opportunités concrètes d’avancement, on a toutes les chances de les fidéliser.
Mieux recruter, c’est mieux connaître les candidats
Lors des entretiens, il est utile d’aller au-delà des compétences techniques en posant des questions qui révèlent la motivation et le potentiel de développement :
- « Es-tu prêt à suivre des formations pour monter en compétences ? »
- « Sais-tu prendre des initiatives ? »
- « T’intéresses-tu à des postes à responsabilité ? »
Identifier dès le départ des employés curieux, proactifs et alignés avec la culture de l’entreprise permet de bâtir une équipe plus engagée… et plus durable.
Le défi de la fidélisation, surtout chez les temporaires
Les travailleurs temporaires du secteur industriel sont particulièrement volatils. Une simple hausse de salaire ailleurs peut suffire à les faire changer d’employeur. Pourtant, la rémunération ne fait pas tout.
Les études montrent que la fidélisation dépend aussi de :
- La qualité de l’expérience employé (communication, transparence, reconnaissance),
- La flexibilité des horaires,
- La cohérence entre le poste et les aspirations du travailleur,
- La possibilité d’évoluer ou d’apprendre,
- Le respect de la culture et des attentes clairement définies dès l’embauche.
Offrir une expérience authentique et valorisante, même à court terme, est une stratégie gagnante. Elle permet de bâtir une relation de confiance qui donne envie aux employés de rester — ou de revenir.
Conclusion : investir dans l’humain pour réinventer l’industrie
L’industrie manufacturière est à un tournant. Pour continuer de croître, elle doit convaincre une nouvelle génération de travailleurs que leur avenir peut s’y construire avec ambition et fierté.
Cela implique de revoir les méthodes de recrutement, d’adapter les parcours professionnels, d’investir dans la formation continue et surtout… de briser les stéréotypes.
Et finalement, il ne s’agit pas seulement d’attirer du monde — mais de leur offrir les conditions propices à leur épanouissement.
Le secteur industriel a les moyens de répondre à ces attentes. À nous de le faire savoir.